Il était une fois, un soldat brillant, inégalé à l’épée, et dont les traits semblaient avoir étés sculptés dans le marbre tant ils en étaient beaux. Car il n’était en effet point humain, mais de nature divine ; c’était le dieu de la Guerre, Orseis. Chaque jour, du lever du soleil à l’aube jusqu’à son coucher au crépuscule, il s’entraînait sans relâche sur une plage de sable blanc, afin de maîtriser son art jusqu’à la perfection. Baignant son corps dans la rafraîchissante mer après chaque journée, de sa sueur mélangée à l’écume des vagues naquit Neistra, une nymphe qui tomba immédiatement amoureuse du soldat au premier regard. Lui ne lui en consacrait pas un seul, tout consacré à son entraînement qu’il était. Alors, jour après jour, pendant un millier d’années, Neistra, cachée au creux de la houle, l’observa s’exercer sans relâche. Mais jamais ses sentiments ne furent retournés, et au fil des siècles, l’amour passionnel qu’elle lui portait se transforma en chagrin d’être ainsi ignorée. Elle décida alors de quitter l’océan afin de se réfugier dans les nuages, là ou ses yeux pourraient se divertir d’une autre vision que celle de l’objet de ses sentiments. C’est ainsi que, curieuse, elle se mis à observer les humains, et reporta son manque d’affection sur eux, se prenant au jeu de veiller sur le petit peuple. Ainsi placée dans les cieux, avec la patience infinie d’une femme éconduite, elle protège ceux qui implorent son aide, en leur soufflant quelque conseil avisé, résultat de la sagesse qui est devenue sienne à force d’observation.