Les eaux étaient calmes, sans remous, à peine perturbées par la petite barque du pêcheur solitaire qui s'était aventuré dans la baie. Une proie facile pour Thylesandr, qui pensait déjà lui voler sa cargaison. Sauf que... le pauvre hère ne semblait guère doué. Jamais il n'attraperait de quoi satisfaire l'estomac du triton, et encore moins le sien. C'était une véritable étrangeté, au sein du peuple des pêcheurs, d'être témoin d'une telle gaucherie - et la traque de Thylesandr changea d'intérêt premier : ce n'était plus la nourriture qui l'attirait, mais bien sa simple curiosité.
Il faisait de grands cercles sous l'embarcation, à la manière des prédateurs aquatiques, étudiant du mieux qu'il pouvait le comportement de cet humain-là. Son petit filet restait désespérément vide - mais, pour sa défense, il était judicieux de noter que la présence même du triton faisait fuir tout banc de poissons qui aurait pu se trouver là. S'approchant peu à peu de la surface, l'écailleux put distinguer les traits faciaux du jeune homme - ce fut alors que tout s'éclaira. Il n'était pas pêcheur-né : c'était en vérité le monstre recousu dont le petit village côtier ne cessait de murmurer les sombres légendes. Un village que Thylesandr, dans son ennui, avait pris pour cible depuis quelques jours déjà, et dont il surveillait assidûment les habitants.
- Tu n'as pas les réflexes des gens d'ici. Tu ne sais même pas jeter ton filet correctement. Tu n'y arriveras pas, s'éleva la voix prétentieuse de Thylesandr alors qu'il laissait son visage émerger de l'eau, derrière la barque. Il restait cependant à respectueuse distance, ne sachant pas quelle arme l'humain pouvait cacher au fond de son bateau - se faire punir son insolence d'un coup de harpon était si vite arrivé...
- Tu vas y passer des heures et au mieux, tu n'attraperas que des sardines. Tu perds ton temps. A croire que Thylesandr n'avait rien trouvé de mieux à faire aujourd'hui que de critiquer son prochain. Pourtant, il avait bel et bien une idée derrière la tête; et s'il comptait faire abandonner la pêche au Recousu, ce n'était pas par pure méchanceté. Il avait entendu les enfants du hameau raconter que s'il ne pêchait pas, il plantait. Et ça, c'était terriblement intéressant...
Thylesandr Psári
Nero Primus
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Allégeance : Aucune
Jeu 7 Fév - 0:35
Le soleil pointait à peine et Nero se leva dans des gestes maladroits. Le matin n'était pas son heure favorite, mais en tant que cultivateur terrestre, il en avait fait son obligation. Ce n'était pas à deux heures de l'après-midi qu'on s'occupait des verges, des plantations ou encore du bétail. Non, c'était à l'aurore. Il fit bouillir de l'eau dans une marmite dans sa cheminée, en attendant, il donna de la nourriture à Emilia. L'oiseau avait attendue impatiente, mais silencieuse, sa pitance. Brave bête. Une fois l'eau chaude, il se fit une sorte de thé en jetant des herbes aromatiques dedans, découpant un pain de la veille et quelques tranches de viande séchée comme déjeuner.
Nero avait finalement troqué ses vêtements sombres pour du clair. Un collègue agriculteur -car il était dur de parler d'amitié ici- lui expliqua la pêche, et lui proposa de lui emprunter sa barque, pour qu'il découvre. Le recousu était tenté d'apprendre, le poisson serait une source de nourriture supplémentaire en dehors des récoltes ou en cas de disette. Ce serait bien plus avantageux pour tout le monde qu'il soit capable de pêcher. Il avait alors prit le matériel nécessaire avec lui, prit le chemin de la plage, et une fois prêt, mit la petite embarcation à l'eau.
La mer était calme, le vent léger et Emilia restait proche de lui. Les mouettes semblèrent l'effrayer. Quand Nero comprit les raisons de la proximité de son amie, il tâta par sécurité l'intérieur de sa toge, où 2 dagues de situaient. Je n'ai rien contre la volaille, non plus. Et une fois assez loin de la côté pour pêcher, il essaya tant bien que mal.
Nero était un véritable travailleur manuel, et de bonne volonté. Mais quand l'on fait quelque chose qu'on a jamais vu faire et qui n'était pas si évident que cela... Il comprit bien vite qu'un précepteur ne serait pas du luxe. Et alors qu'il maugréait contre l'attente, et sa maladresse avec le filet, parfois à s’empêtrer dedans, ou à mal le lancer, une voix s'éleva.
Se faire surprendre dans un champs, il l'entendait bien, mais ici, dans les étendues aqueuses ? Nero se retourna, stupéfait, et vit un drôle d'être marin. L'eau camouflait grandement son corps, mais pour trouver une personne ici, les villageois avaient déjà parlés de Triton. L'air toujours aussi blasé, plus par la force des choses que par choix, il lui répondit.
"Ce n'est pas en abandonnant que je vais m'améliorer. Tu as peur que je te fasse concurrence ?"répondit-il ironiquement après plus de deux longues heures sans résultats.
La main de Nero le bois du navire, par précaution. Il n'avait jamais su cerner les gens, et il le savait bien.
Nero Primus
Thylesandr Psári
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Jeu 7 Fév - 0:48
- Ha ! répondit Thylesandr d'un ton mesquin. Une simple interjection, mais qui en signifiait pourtant beaucoup. Loin de s'offusquer de l'impertinence de l'humain, le triton avait plutôt l'air amusé. Au moins le Recousu n'avait-il pas pris peur, et c'était tout à son honneur. Il avait même l'air d'avoir de la hargne à revendre.
- Tu veux t'améliorer ? Tu souhaites apprendre ? demanda-t-il d'un air intéressé. Il appréciait ceux qui travaillaient dans le but de s'améliorer, et non par simple profit immédiat. C'était cet état d'esprit qui l'avait lui-même poussé à sortir de l'eau, des décennies plus tôt. Il avait voulu connaître le savoir des Hommes, et l'utiliser pour faciliter sa vie et celle de sa famille. Si le Recousu aspirait à en faire de même, alors peut-être valait-il mieux que les autres pêcheurs Kairossi qui, eux, ne cherchaient pas à avoir plus que leur éternelle poiscaille.
- Pourquoi te donner tant de souci ? Ce que te donne la terre ne te suffit donc pas ? Il avait envie de le tester. Voir si ses intentions étaient aussi nobles qu'il le supposait. En même temps, il laissait entendre que le Recousu ne lui était pas entièrement étranger - alors que lui ne devait représenter aux yeux de l'humain que le dernier des inconnus.
Thylesandr Psári
Nero Primus
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Allégeance : Aucune
Jeu 7 Fév - 1:04
"L'apprentissage est la seule façon que l'on a de survivre. N'as-tu donc pas appris à te méfier des Hommes que tu abordais ? Ou apprécies-tu juste parler de loin aux gens ?"
Côté tact, Nero n'était pas une pointure. Il était capable de faire preuve de diplomatie, mais cela se résumait surtout à retenir sa langue quand il parlait à des nobles ou des soldats à Invictis. Mais le Triton sous-entendait qu'il pouvait lui apprendre. Si c'était le cas, il s'agirait d'une véritable aubaine. Bien que la manière de pêcher d'un Triton et d'un Humain devaient être bien différentes, comment savoir si ce qu'il lui dirait serait utile ? En demandant, très certainement.
"Et tu apprendras que cultiver la terre est bien ingrat. Bien des choses peuvent nous voler le fruit de notre labeur. Serais-tu prêt à miser ta nourriture sur la chance ?"
Nero porta une main à sa mâchoire, et se massa les joues. Parler fort pour être entendu lui faisait un peu mal, lui qui ne pouvait gonfler ses joues ou ouvrir grand la bouche. Il jeta un bref instant un œil à son filet, à tout hasard que le Triton ne fasse diversion. S'il tombait à l'eau et qu'il était hostile, Nero pensait ne pas pouvoir en ressortir vivant. Autant rester méfiant tant qu'il n'en savait pas plus.
Nero Primus
Thylesandr Psári
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Jeu 7 Fév - 2:08
Les premières questions sonnèrent comme un défi et Thylesandr, téméraire, osa s'approcher de la barque d'un demi-mètre. Téméraire, mais pas fou ! D'habitude, les hommes qui l'attaquaient ne prenaient jamais la peine d'échanger des politesses avec lui. Même si dans le cas présent, politesses n'était peut-être pas le mot le plus approprié - mais soit, disons qu'on ne s'attardait pas à des discussions à son égard. Les matelots optaient plutôt pour un sobre « Au monstre ! » avant de lui jeter tout ce qu'ils avaient sous la main pour le faire déguerpir.
Les mots du Recousu témoignaient donc d'une certaine intelligence - ou d'une ruse, sans doute. Une ruse que le triton guettait autant que l'autre semblait se méfier de lui.
- Penses-tu que la pêche est plus sûre ? Que la chance y a moins son mot à dire ? Le travail de la terre était-il réellement plus ardu que celui des pêcheurs ? Thylesandr l'ignorait, mais il savait que les marins n'y allaient pas toujours de bon cœur : entre la menace des tempêtes soudaines, des prédateurs marins, et l'incertitude des emplacements des bancs de poissons... Il ne lui semblait pas que leur travail soit aisé. Penses-tu que rien ne puisse te voler le fruit de ce labeur-ci ? ajouta-t-il avec un sourire presque menaçant.
C'était, après tout, ce qu'il avait voulu faire.
- Même si, en ce qui te concerne... Je dois bien avouer qu'il est difficile de dérober ce qui n'existe pas, ne put-il s'empêcher de lâcher d'un ton moqueur. Au fond, il n'était pas vraiment méchant : il s'amusait réellement de la situation, comme un enfant joueur.
Thylesandr Psári
Nero Primus
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Allégeance : Aucune
Jeu 7 Fév - 10:46
Nero raffermit sa prise sur sa barque. Ce Triton... Il parlait souvent de dérober des choses. Était-ce un trait de caractère courant chez ces êtres marins, ou lui en particulier apprécier parler de ce qui appartenait à autrui et qui pourrait lui revenir ? Il avança un peu. Lui au moins, pouvait profiter de son élément, et Nero sentit une petite angoisse venir le serrer. Il sentait les yeux noirs d'Emilia posés sur lui, et qu'elle-même n'appréciait pas la situation. Un filet, des cordes, deux dagues, et des appâts. Oh, et un sac de graines. Pour sa première sortie en pêche, Nero se sentit vite acculé !
"La nourriture peut pourrir, se faire piller, être mal cuisiné et bien d'autres choses. Cultiver ma terre est un apport, la pêche en est un autre. C'est pour cette raison que tu es là ? T'approprier le travail d'autrui ?"
Finesse, encore. Mais le Triton ne se montrait guère plus engageant non plus. Bien que son attitude lui rappelait brièvement l'arrogance des Draconides et la témérité des Cerbères... De son passé à Invictis, il savait bien que ceux que beaucoup désignaient comme des "monstres", n'étaient que d'autres êtres pensants, chacun avec sa propre personnalité. Parfois généreux, parfois hostiles.
Le recousu se mit à penser ce qui pourrait être utile pour rendre le Triton plus amical. Peut-être que si je lui jette mes vers en appâts...? La pensée aurait pu le faire sourire, si ses lèvres étaient encore capables de s'étirer de la sorte. Mais au final, provoquer et se regarder avec méfiance et curiosité mal placée ne serait pas d'un grand secours. Un soupir lui échappa alors, et il demanda d'une voix plus posée.
"Je m'appelle Nero, et je suis agriculteur. Que me veux-tu, être marin ?"Avec une petite hésitation, il sorti cette désignation bien plate, mais il ne se voyait pas non plus l'appeler poisson, les mots lui manquaient.
Dans tous les cas, le balafré avait comprit qu'il était soit mesquin, soit taquin. Ce ne sont pas de mauvais traits de caractères en soi, mais pour une première rencontre... Ce Triton aimait sans doute la mise en scène.
Nero Primus
Thylesandr Psári
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Jeu 7 Fév - 12:05
L'humain parlait de pourriture et de cuisine, attisant davantage la curiosité de Thylesandr. Il n'avait que faire des ennuis de conservation ou de choix de cuisson - ses dents aiguisées plongeaient dans la chair des poissons aussitôt qu'il les attrapait, et il se fichait des arêtes et écailles que son estomac digérait sans mal. Il était vrai que les Hommes étaient beaucoup plus sensibles - il leur fallait dépecer et dépiauter leur gibier et leur poiscaille. Réservaient-ils le même traitement à leurs légumes ? Malgré ses années d'études dans le monde bipède, le triton s'y connaissait peu en matière d'agriculture - car les Kairossi eux-mêmes y étaient ignorants. Ce n'était que depuis l'apparition des Élus et l'ouverture de la mer que le savoir des autres îles leur était parvenu. Ainsi, Thylesandr avait entendu parler de ceux qui vivaient sans pêcher, mais il ne comprenait qu'à moitié leur mode de vie - car il n'avait jamais vu les champs dorés de Ba'alat qui, selon les dires, s'étendaient à perte de vue tel un océan de moisson; pas plus qu'il n'avait été témoin des grandes parties de chasse des Invictisiens, où le sang et la viande coulaient à flots.
- Je ne savais pas que la terre d'ici pouvait produire quoi que ce soit, répondit-il en ignorant les premières questions, sûrement rhétoriques. Cette fois, toute malice avait disparu de la voix de Thylesandr - il était sérieux, et apaisé par le fait que l'autre se soit présenté. Il y a, à Kairos, plus de roche que de terre. Il n'était pourtant pas impossible que le Recousu se soit trouvé un terrain cultivable. La nourriture que tu fais pousser... Dois-tu la transformer ? Sont-ce des céréales ? Des légumes ? Des herbes ?
Le triton avait entendu dire que les Ba'alates et les Invictisiens cultivaient les mêmes céréales, mais à des fins différentes - les premiers les changeaient en boisson, et les seconds en pain. Ce Nero, était-ce ce qu'il faisait ? N'était-ce pas une affreuse perte de temps ? Thylesandr voulait savoir. Fidèle à son insatiable soif de connaissances, il voulait apprendre.
Thylesandr Psári
Nero Primus
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Allégeance : Aucune
Jeu 7 Fév - 13:31
Le Triton semblait tout à fait sérieux, subitement. Sans vraiment décontenancer Nero, cela le rassura de voir qu'il était plus intéressé par ses méthodes de travail que par ses moqueries. Sans pour autant relâcher sa vigilance, ou même le bois du bateau, ses épaules semblèrent moins raides. En plus, il partageait un point commun avec les habitants de son village : la curiosité candide de procédés dont ils étaient ignorants. Et donner un tel savoir à une créature marine, Nero ne vit pas quel mal elle pourrait en faire. Néanmoins... Face à tant d'intérêt, le recousu prit les devants.
"Je te trouve bien curieux, pour quelqu'un qui ne me dit rien sur lui. Tu veux apprendre toi aussi, non ? Et j'ai envie de cuisiner et manger plus de poissons. On pourrait partager nos connaissances, qu'en dis-tu ?"
La familiarité entre les participants de cette conversation laissèrent une étrange sensation à Nero. D'ordinaire, il faisait attention à son langage, surtout qu'il limitait les faux pas au mieux au village. Les enfants n'avaient même pas le droit d'approcher sa bâtisse et ses champs, et les adultes faisaient attention. Un étranger venu d'outre-mer, le visage découpé, vêtu de sombres loques et accompagné d'une corneille noire... Rien que son arrivée, ce fut à peine si on ne lui avait pas lâché des chiens avec torches et fourches. Mais le Triton n'avait aucunement peur de son aspect, et de son visage. Pas plus qu'il ne prêtait attention à l'animal perché au-dessus de lui. Sans doute que lui aussi connaissait les affres de se faire rejeter, ou que leur culture sous-marine ne jugeait nullement le physique de quelqu'un ? Si ça se trouve, pour lui, nous nous ressemblons tous.
"Quel est ton nom, par ailleurs ? J'aime savoir à qui je m'adresse."
Le balafré avait sans doute ouvert une porte à la négociation, et à l'échange. Dans son pays natal, ils avaient su tirer du mieux possible la force de toutes les créatures qui peuplaient l'île. A Kairos, fait comme les Invicitiens ! Avoir plusieurs cordes à son arc lui serait toujours utile, et voilà une opportunité des plus singulières. Ne restait plus qu'à savoir comment réagirait le poisson d'eau de mer et s'il était digne de confiance.
Nero Primus
Thylesandr Psári
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Jeu 7 Fév - 18:12
- ... Thylesandr, accepta de révéler le triton après un court instant de réflexion. Sans doute aurait-il pu inventer un autre nom afin de mieux se protéger mais, dans sa fierté mal placée, il abhorrait l'idée de se faire passer pour un autre. Il lui semblait étrange que l'humain lui demande un nom - le considérait-il comme une personne à part entière, et non comme une vulgaire créature ? Nero n'était décidément pas aussi ignare et apeuré que les petits pêcheurs de son hameau.
- On n'apprend pas à pêcher en un jour, et je suppose qu'il en va de même pour l'art de planter. Mes connaissances ne te seraient pas très utiles, si je t'en bombarde sans te laisser le temps de les assimiler. Ce ne serait... qu'un chaos de mots où tu te perdrais. Encore une fois, Thylesandr sonnait prétentieux - pourtant, il avait une certaine légitimité à parler de la sorte. Il s'était assez assis sur les bancs des académies de la capitale pour savoir comment donner un cours, et comment transmettre un savoir de façon efficace.
- Si tu as besoin de poisson dans l'immédiat, je peux t'en chercher. Mais dans ce cas, je veux goûter à ce que tu produis. Il plissa les paupières, pensif. Si apprendre est ce qui t'intéresse le plus, pourquoi les hommes du village ne t'aident-ils pas ? Ils ne sont pas instruits, mais la pêche, ils connaissent très bien.
Trouver un professeur n'aurait pas dû être tâche ardue dans le hameau côtier - était-ce un problème d'argent ? Les Kairossi n'étaient pas particulièrement hargneux envers les étrangers; Thylesandr ne comprenait donc pas pourquoi il aurait eu du mal à se faire aider d'un humain. Il pensait donc à un choc culturel. L'étranger n'était peut-être pas au courant qu'ici, tout se réglait surtout aux Jeux...
Thylesandr Psári
Nero Primus
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Allégeance : Aucune
Jeu 7 Fév - 18:46
Le nom de la créature correspondait à ce à quoi il s'attendait : unique. Un mot dont il n'aurait jamais entendu un autre similaire avant. Mais il avait dû côtoyer les Humains suffisamment longtemps pour avoir appris à parler de cette manière pompeuse. Mais en tout cas, il se proposait à rapporter du poisson et à lui enseigner la pêche, et cela, c'était une offre des plus intéressantes. Nero redressa un peu le regard. Cet homme-poisson... Il n'avait vraiment rien de commun avec les villageois. Le balafré avait l'impression de retrouver certaines conversations civilisées qu'il eut dans son pays. Chose qui lui manquait terriblement ici, au vue du peu d'échange qu'il avait avec les autres du village. Plus toléré qu'accepté.
Emilia caqueta derrière lui. Des mouettes tournaient au-dessus de l'embarcation. Nero frotta son épaule droite et la corneille vint se percher en cet endroit sans hésitation. Il détacha une petite bourse de cuir de sa ceinture, d'où il sortit des coquillages. A l'intérieur, quelques restes encore comestible pour l'oiseau, qui picora ce qu'on lui offrait.
"Si tu partages ta nourriture avec moi, j'en ferais de même. Tu me demandais si je devais transformer mes ingrédients, je pourrais te faire découvrir la cuisine dont je suis capable.Et sur un ton plus narquois, il ajoute avec l'envie de susciter la curiosité."Champignons, oignons, pain... Je ne suis pas mécontent de mes prouesses culinaires !"
Se faisant, il réajuste la bourse à sa place en prenant soin de bien la refermer. Emilia se secoua un peu avant de revenir à un calme parfait. Les cheveux de l'un se confondaient avec le plumage de l'autre. Mais le Triton, Thylesandr, souleva un autre point intéressant. Point qui embêtait Nero, mais bon. Se faire juger n'était plus vraiment dans ses préoccupations, depuis quelques années. 6 ans Il se remémora ce détail inconsciemment, et se recentra sur la conversation pour ne pas y penser davantage.
"Les habitants du village ont déjà beaucoup fait pour moi. En échange de mon travail de la terre, ils m'ont offerts une place et un toit. Mais surtout."Il pointa ses cicatrices avec sa main."Aucun n'est capable de me regarder dans les yeux sans me dévisager, et c'est insupportable."
Nero Primus
Thylesandr Psári
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Jeu 7 Fév - 21:00
Le regard de Thylesandr se perdit sur les cicatrices de Nero. Grande balafre, à peine maintenue par de nombreux points de couture. Oh, il comprenait, à présent. Les humains, surtout ceux des petits villages isolés, avaient du mal avec ce qui les effrayait. Ils ne prenaient pas la peine d'essayer de comprendre et, à la place, nourrissaient des rumeurs et des légendes. A croire qu'ils étaient encore plus dépourvus d'empathie que les monstres qu'ils redoutaient...
- Il est vrai que c'est assez impressionnant, dut admettre le triton. On ne voit pas beaucoup de blessures de guerre, par ici. La violence n'a pas sa place à Kairos, même au sein de ses Jeux. Et ce n'était pas le cas dans tout l'archipel... Mais Kairos n'était pas tout à fait un havre de paix non plus, alors le triton conclut d'un air désinvolte, en haussant les épaules : Enfin, il y a des brigands partout.
Était-ce sa nature de triton qui le rendait si insensible à ce visage humain défiguré ? Était-ce plutôt dû au fait qu'il avait été témoin de la violence des hydres, de leur faim à l'égard de son peuple ? Ou bien s'agissait-il de ses nombreuses années de médecine qui avaient rendu son estomac plus solide que ceux des villageois lambda ? Il avait vu et traité d'innombrables blessures durant ses décennies d'exercice de la médecine, mais jamais de plaie aussi sévère.
Sa curiosité satisfaite pour l'instant, il décida de se concentrer sur le sujet qui l'intéressait le plus : à savoir, la nourriture. Il avait goûté le riz et les aromates que faisaient pousser les Kairossi, mais ignorait le goût du pain, que les voyageurs en provenance d'Invictis bénissaient au possible. Ils parlaient d'une croûte dorée et croustillante, d'une odeur chaude et alléchante, d'un goût divin. Thylesandr avait toujours été frustré de ne jamais avoir pu y goûter : une base commerciale avait beau s'être instaurée parmi les trois îles, importer du pain était tout simplement impossible. Il arrivait pourri et répugnant.
- Faisons ça. Je peux aller te chercher du poisson sur-le-champ pour sceller notre accord, si tu promets de me faire du pain. Ces eaux pullulent de cabillaud.
Ensuite, il pouvait lui apprendre à jeter son filet - ce serait déjà un bon début. Mais sur le coup, Thylesandr était pressé de conclure leur accord. Il jeta un coup d’œil à l'oiseau noir qui, au vu de son comportement, avait choisi de rester aux côtés de l'homme. C'était un point qui le rassurait : cet oiseau n'était pas là par obligation, mais bien par choix. Ce qui signifiait que l'homme l'avait nourri, sans rien en obtenir en échange - était-il si altruiste ? Possiblement. Et s'il l'avait été avec l'animal ailé, alors sûrement était-il capable de respecter sa parole lors d'un échange équitable.
Thylesandr Psári
Nero Primus
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Allégeance : Aucune
Jeu 7 Fév - 21:55
Le Triton comprenait et quelque part... S'en foutait...? Il avait l'air de ressentir une quelconque empathie pour une personne mutilée, mais cela n’entachait en rien la qualité de ses échanges. Était-ce courant pour la créature marine de voir cela, ou bien trop éloigné de ses réalités à lui ? Nero y pensa fugacement, car au final, c'était un être pensant capable de lui parler sans se soucier de son apparence. Et comparé aux derniers mois passés sur l'île, cela lui fit un bien fou. il relâcha le bois du bateau et acquiesça de la tête.
"Inutile d'en ramener trop, Thylesandr.Dit-il en articulant chaque syllabe du patronyme."Je veux surtout me nourrir pour aujourd'hui et demain. Je n'ai pas assez de sel pour en entreposer beaucoup. Et je serais honoré de te faire régulièrement du pain en compensation de ton aide.
Le balafré trouva sa journée assez riche, finalement. Lui qui pestait devant son incapacité à trouver du poisson, en trouva finalement un gros ! Il pourrait ainsi recommencer à cuisiner un peu de chair, bien que celle d'agneau lui manquait. Le bétail d'Invictis était considérablement plus développé qu'ici, et il n'en mangeait vraiment pas assez à son goût. L'idée lui vient au passage de ses pensées et il renchérit auprès de son nouveau partenaire commercial.
"Quand je cuisinerais mieux le poisson, je viendrais en faire le long de la mer. Je pourrais ainsi te faire goûter comment l'on s'occupe des denrées de la mer. Si cela t'intéresse, bien sûr. De toute façon, au vue de notre accord, l'on devra se revoir."
C'était un fait. S'il devait honorer son contrat verbal avec l'habitant des profondeurs, Nero sera bien obligé de passer plus de temps ici, autant en profiter pour cuisiner pour deux. Un savant mélange terre-mer. De la viande, du poisson, et des légumes. Sans oublier le pain, le Triton semblait intraitable à ce sujet. Un choc des cultures se déroulait ici, sur une barque ressemblant à une planche de bois flottant, et de deux êtres ayant chacun son savoir, que veux l'autre. Et il n'y avait là qu'esprit mercantile et accord courtois. Aucune bassesse ou fioriture. Simple, pur et efficace. Nero se surprit d'avoir encore le droit à de tenir pareil entretien avec une autre personne. Ses lèvres murmurèrent un Merci inaudible quand les mouettes se mirent à crier au-dessus des flots.
Nero Primus
Thylesandr Psári
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Ven 8 Fév - 1:17
Thylesandr se contenta d'un hochement positif de la tête en guise de réponse. Nero avait tout l'air de le prendre au sérieux et, à moins qu'il se révèle réellement être le monstre sans sentiments dont parlaient les villageois, il n'avait pas l'air d'essayer de mentir ou de vouloir profiter de lui. Croyant en son honnêteté - peut-être trop naïvement, car notre triton avait tendance à penser qu'on n'oserait jamais lui mentir, pas à lui ! -, il disparut sous la surface d'un ample mouvement, qui laissa apparaître sa nageoire caudale avant qu'elle ne le propulse vers les poissons promis.
D'ordinaire, il n'aimait pas se comporter en animal et chasser à mains nues - il utilisait plutôt des outils, comme les Hommes - mais il en était pourtant tout à fait capable. Trop pressé pour s'embêter de convenances, il se mit donc en chasse de la manière la plus simple possible, et ne mit pas longtemps à s'emparer de deux cabillauds bien portants - en guise de mise à mort, il leur brisa l'arête principale.
Il revint alors à la barque, l'opération complète n'ayant pas pris plus de vingt minutes, et réapparut soudain juste au bord de l'embarcation - comme si toute sa méfiance avait disparu avec leur accord. Il jeta les deux poissons dans le bateau, assez satisfait de sa pêche improvisée. Il posa alors les yeux sur l'oiseau noir, puis vers le Recousu.
- Tu as raison de chercher à apprendre. La pêche n'est pas le seul moyen de varier ta nourriture. Les villageois récoltent certaines algues, qu'ils mêlent à leur riz - personnellement, je ne trouve pas cela très bon, mais si tu sais cuisiner comme tu le dis, alors peut-être leur trouveras-tu une utilité. Et là-bas sur les plages, des crevettes courent sous les rochers. Il y a aussi de petits crabes, qui s'enfouissent dans le sable. Ton oiseau pourrait les aimer.
Thylesandr savait que les oiseaux avaient la vue perçante, et il supposa que si celui-ci était intelligent, son maître pourrait même lui enseigner à repérer les trous des crabes.
- Et le problème avec ton filet, c'est qu'il s'enroule sur lui-même aux moindres remous. Tu pourrais y attacher des poids, comme de petits rochers. Ils pourraient aider.
Thylesandr Psári
Nero Primus
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Allégeance : Aucune
Ven 8 Fév - 14:14
Le Triton se montrait bien volontaire. Cela fit vraiment tiquer le natif d'Invictis. On lui avait dit de se méfier de cette espèce lors de ses sorties en mer, mais celui-ci donnait vraiment l'impression de connaître et de comprendre les Humains. Même certains Cerbères étaient moins familiers avec le commerce que Thylesandr. D'autres auraient pu juste exiger, comme le ferait des enfants impatients, mais lui, négociait, parlait d'apprentissage, et un accord bénéfique aux deux partis. Rien que cela méritait du respect, surtout quand il pensait justement aux brigands. Et c'est ainsi que la créature des mers s'enfonçant dans les flots, faisant remonter les écailles à la surface. Leurs couleurs étaient superbes et étincelaient avec force. Emilia lâcha un petit caquètement, par surprise de cette soudaine agitation.
Ignorant le temps que cela prendrait, Nero rangea son matériel de pêche. Patientant jusqu'au retour de sa nouvelle connaissance, il s'assit contre le bois du navire. La corneille qui l'accompagnait remonta se poser sur le bois. Elle ne semblait pas tout à fait à son aise, ici.
"Je te laisserai sur la terre ferme, les prochaines fois, Emilia. Je vois bien que ça t'embête d'être ici."
Il n'y eut pas de réponse, d'aucune sorte, mais le balafré avait la sensation qu'elle avait compris. Les mouettes n'approchaient plus, et le vent s'était tut, quand deux poissons jaillirent sur le ponton, à ses pieds. Thylesandr sorti la tête de l'eau, et commença à lui expliquer les autres ressources potentielles et les raisons de sa pêche infructueuse. En l'écoutant, il mit les poissons tout frais dans un seau en bois. Il jeta ensuite un œil à son filet. Maintenant qu'il le disait, cela paraissait évident. Les villageois n'ont pas dû lui en parler parce que pour eux aussi, ça l'était.
"Merci pour ces informations et le poisson, Thylesandr. Je ne manquerais pas d'en faire usage. Je vois que j'étais mal préparé." Nero prit un maigre instant pour réfléchir, assimiler ce qu'il venait d'entendre. Autant le Triton pouvait l'aider pour la pêche, autant c'était vraisemblablement impossible pour la cuisine. Il irait demander des conseils aux habitants, et ferait ses propres essais. "Je ferais une tournée de pain demain, peu après l'aurore. Une fois prêt et tout chaud, je t'en apporterais sur la plage en milieu de matinée. J'ai construit un four digne d'Invictis, ce sera de l'authentique !"
Le recousu voulut sourire, mais il se retint un peu trop tard, et il plaqua sa main sur sa bouche, détournant le visage. Après avoir soufflé deux fois, il reposa un visage plus blasé sur Thylesandr. La douleur venait de lui couper une bonne partie de son élan amical, malheureusement.
Nero Primus
Thylesandr Psári
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Ven 8 Fév - 22:41
- Dans ce cas, j'y serai. Je te remercie, répondit Thylesandr avec autant d'amabilité que le jeune homme lui offrait. Il sentit la curiosité le piquer à l'évocation du four digne d'Invictis, et se dit qu'il aimerait le voir. L'étudier. En comprendre le fonctionnement, et en quoi il réussissait à transformer une pâte de céréales en pain croustillant. Mais pour cela, il lui faudrait abandonner ses nageoires pour des jambes humaines - et il ne le ferait pas, pas avant d'être parfaitement à l'aise avec Nero.
Celui-ci était d'ailleurs d'une extrême courtoisie - une attitude qui contrastait nettement avec le monstre sanguinaire qu'on lui avait vendu. Thylesandr connaissait les hommes qui se disaient guerriers - ceux qui, d'ordinaire, arboraient fièrement cicatrices et points de suture. Ils avaient peu de respect pour la vie qui les entourait, riaient grassement, et buvaient jusqu'à vomir sur les trottoirs. Ils se perdaient dans les bas quartiers et y libéraient souvent toute leur violence : une caricature qui ne collait absolument pas à l'étranger qu'il avait en face de lui. L'étranger qui s'était pris d'affection d'un oiseau inutile. L'étranger qui ne cherchait qu'à apprendre, et qui allait jusqu'à exprimer de la gratitude envers ces villageois qui le traitaient pourtant si mal.
Un étranger qui aurait presque pu avoir un visage amical, et qui - Thylesandr l'aurait juré - avait amorcé l'ombre d'un sourire. Et, comme en écho à sa mine soudain bien sombre, le triton fronça les sourcils d'un air grave.
- Ta blessure ne date pas d'hier, d'après ce que je vois. Te fait-elle toujours souffrir ? Déformation professionnelle oblige, notre érudit avait du mal à laisser passer ces détails qui le titillaient. L'humain n'avait-il rien pour l'aider à lutter contre la douleur ? Son pays ne possédait-il point de médecins compétents ?